Greco en grand

Publié le par Amelie Meffre

"L'ouverture du cinquième sceau"/Greco

"L'ouverture du cinquième sceau"/Greco

Événement à ne pas manquer, la rétrospective du Greco au Grand Palais jusqu'au 10 février nous montre toutes les facettes d'un peintre résolument moderne, redécouvert à la fin du XIXe siècle par les avant-gardes.

C'est peu dire qu'il y a du monde qui se presse devant les toiles du Greco au Grand Palais. A juste titre : la rétrospective est de taille avec plus de 70 œuvres exposées, venues du monde entier pour célébrer le talent d'un peintre longtemps oublié. Né en 1541 en Crète, Doménikos Theotokópoulos, dit Greco, peint dans la tradition byzantine avant de devenir un grand peintre de la Renaissance au même titre que Titien ou Tintoret, séjournant en Italie et en Espagne, où il mourut en 1614.

L'exposition suit son périple artistique et il est large. On s'attarde devant son « Autel portatif », dit « Triptyque de Modène » où les anges tourbillonnent autour du Christ quand les damnés se font happer par une bouche infernale. On découvre ses superbes portraits d'anonymes ou de célébrités telles le Grand Inquisiteur Niño de Guevara qui lui valurent d'être recommandé au cardinal Farnèse de Rome. On s'extasie devant ses scènes bibliques magistrales : « L’Assomption de la Vierge », « Le Christ chassant les marchands du Temple » ou « Le Partage de la tunique » quand personnages et drapés rivalisent de nuances. Variations encore autour du clair-obscur avec le « Jeune garçon soufflant sur une braise » ou « La Fable » nous montrant deux saltimbanques et un singe penchés au-dessus d'une flamme.

Déroutant de modernité

Alors que l'artiste n'arrive pas à se faire une place de choix à Venise et à Rome, sans doute parce que maîtrisant mal la langue comme la technique de la fresque, Greco va s'épanouir à Tolède en Espagne. Là, il exécute ses premières grandes commandes y compris pour le roi Philippe II. Ce dernier jugeant qu'une œuvre manque de piété ne fera plus appel à lui. Son style particulier pour ne pas dire unique déconcerte. Il en est ainsi devant « L’ouverture du cinquième sceau », nous montrant saint Jean, agenouillé et priant le ciel et à l'arrière, des corps nus comme autant de tentations sensuelles. Une toile étonnante admirée trois siècles plus tard par les peintres Cézanne, Picasso ou Jackson Pollock alors que Greco est passé aux oubliettes. Si son talent est redécouvert par l'avant-garde du début du XXe siècle, saluant l'usage des couleurs, l'allongement des formes ou le refus de la perspective, il continue à dérouter. Quand en 1919, le directeur de la National Gallery de Londres acquiert « L’Agonie du Christ au jardin des Oliviers », il est vivement critiqué. Certains jugent que l'artiste ne savait pas peindre et était sûrement complètement fou pour avoir rejeté les règles académiques. Raison de plus pour aller découvrir son génie même s'il faut un peu de patience pour l'admirer.

Exposition Greco au Grand Palais jusqu'au 10 février 2020.

 

 

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