Le Clos Jouve ou l'exigence de l'édition

Publié le par Amelie Meffre

Les éditeurs Frédérick Houdaer et Philippe Bouvier

Les éditeurs Frédérick Houdaer et Philippe Bouvier

La maison d'édition lyonnaise Le Clos Jouve publiait à l'automne trois premiers ouvrages de qualité. Elle s'apprête à nous en livrer quatre autres en 2020. Retour sur une naissance prometteuse.

Le pari semble assez fou de créer une maison d'édition de nos jours. Les Lyonnais Philippe Bouvier, syndicaliste qui œuvre sur les questions de la santé au travail et Frédérick Houdaer, écrivain et éditeur l'ont fait en lançant à l'automne Le Clos Jouve. Une aventure à laquelle plusieurs personnes ont prêté main-forte en leur faisant des prix d'amis comme le graphiste Malte Martin qui signe une charte graphique fort élégante. « Avec l'impression numérique, l'édition coûte moins cher qu'il y a quelques années et les réseaux sociaux permettent de se faire connaître rapidement. Même si ça prend beaucoup de temps à animer, notre page Facebook compte déjà plus de 7000 abonnés », explique Philippe. Avec Frédérick, ils ont décidé de se faire plaisir et ont cadré leur ambition : pas plus de quatre livres par an (en excluant les romans), tirés à 200 exemplaires maximum, déclinés en trois collections explorant les champs littéraire, politique et historique. Et la première livraison est de la plus haute tenue. Jindra Kratochvil, performeur tchèque installé à Lyon, signe « Toutes mes pensées ne sont pas des flèches ». Un recueil d'instantanés loufoques assez succulents comme « Consistances » : « En été, j'aspire clairement à une pensée-ratatouille. (…) Tandis qu'en hiver, j'ai tendance à penser épais (…) ». A peine sorti, le livre est tiré à nouveau.

Michel Sportisse, ancien correcteur féru de cinéma, nous livre, quant à lui, « La Rome d'Ettore Scola ». Son étude sur les liens du cinéaste de génie avec la ville est passionnante. On plonge avec délice dans les coulisses de « Nous nous sommes tant aimés », d'« Affreux, sales et méchants » ou d'« Une journée particulière ». On se délecte encore de la réédition des « Profils perdus d'Antoine Vitez » écrits au lendemain de sa mort, le 30 avril 1990, par le critique Jean-Pierre Léonardini. Trente ans après la disparition du grand homme de théâtre, son poignant salut est de mise.

Ami de Vitez et d'Ettore Scola, Jack Ralite, militant communiste et homme de culture, déjà présent dans deux ouvrages, va être à l'honneur en 2020. Le Clos Jouve va publier un recueil de ses textes sur soixante ans (de 1957 à sa mort en 2017). En prévision aussi pour cette nouvelle année, la prose de Judith Wiart, professeure de français dans un lycée technique de Bron et le témoignage de Samy Sapin sur son métier d'infirmier. Quant au cinéphile Michel Sportisse, il signera le premier livre en français sur Mauro Bolognini, cinéaste italien prolixe des années 1950.

Une nouvelle fournée bien appétissante !

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article