Les Funambules : la voix aux femmes

Publié le par Amelie Meffre

By Gérald Tessier //

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Plafond de verre, charge mentale, violences, filles-mères… Le collectif Les Funambules avec son double album « Elles » et un spectacle prévu à la Gaîté- Montparnasse fait retentir la voix des femmes. Tendre, drôle autant que grave. Écoutons-la !

L’aventure des Funambules démarre en 2013 au moment des « Manif pour tous » contre la loi sur le mariage homosexuel. Choqué par cette déferlante pleine d’intolérance voire de haine, Stéphane Corbin, auteur-compositeur-interprète, décide de réagir. « Réunir plein d’artistes pour composer un documentaire en chansons sur l’homosexualité. Celles qui existaient telles « Comme ils disent » d’Aznavour étaient datées », explique-t-il. L’idée est alors de raconter l’homosexualité ordinaire à travers différents portraits. « Je me disais que plus on allait raconter ces histoires, moins ça ferait peur. » Un collectif rassemblant quelques 200 artistes – paroliers, chanteurs, musiciens des deux sexes – se met en place. S’ensuivent un album - « Chansons d’amour(s) ») - et plus d’une centaine de concerts donnés d’Avignon à Montréal, dont les recettes ont été versées au Refuge et à SOS Homophobie.
« Ils ont hurlé que non, c’est impossible que toi et eux, moi et nous, ce soit la même chose, le même amour. (…) Et vos cœurs amoureux et mon cœur malheureux qui battent la chamade de colère et de peur et d’amour à l’unisson. » La chanson « Je vous ai vus », finement interprétée par Pierre Richard, a été écrite par Valérie Peronnet. L’écrivaine a tout de suite participé au projet : « On pouvait enfin agir, faire courir des chansons pour faire bouger les lignes. Des gamins en amenant leurs parents aux concerts ont pu faire leur coming out ».

 

By Gérald Tessier //

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Le quotidien des copines
Après une quarantaine de chansons pour faire reculer l’homophobie, Stéphane Corbin se demande comment continuer Les Funambules. « J’ai toujours été entouré de copines qui, à un moment ou à un autre, évoquaient les discriminations dont elles étaient victimes. J’ai eu envie de lancer un deuxième projet sur les femmes. A ce moment-là, Me Too a commencé à se déployer », raconte Stéphane. « Finalement, il a réalisé que la problématique des femmes rejoignait celle des homosexuels. Toutes et tous subissent les violences et les a priori », ajoute Valérie Peronnet. Comme pour le premier opus, les artistes, cette fois, en majorité des femmes, ont répondu présents dont certains de renom comme Jil Caplan, Marie-Paule Belle ou Enzo, Enzo.
Le collectif s’est encore étoffé rassemblant des centaines de membres qui ont mis la main à la pâte pour le tournage des clips, les séances photos, l’écriture des chansons, la musique et évidemment le chant. Valérie a ainsi écrit des textes et fait la tambouille sur les tournages. « C’est un vrai collectif qui rassemble tous les sexes, tous les âges, toutes les couleurs. Des citoyens et des citoyennes qui veulent que le monde ressemble à ça. C’est joyeux, c’est humain, c’est tout ce que j’aime. » Durant deux ans avec l’épidémie de covid au milieu qui a ralenti les ardeurs, l’équipe a enregistré l’album « Elles ». Un premier disque de 16 titres est sorti en janvier 2022 (et un second, enrichi de 19 titres, en octobre 2023). Il a donné lieu à un spectacle rassemblant cinq chanteuses, danseuses, musiciennes et Stéphane Corbin, au piano. Donné à l’Européen et à l’Alhambra, il y a deux ans, il est repris ces jours-ci au théâtre de la Gaîté Montparnasse. Les recettes sont cette fois versées au Planning Familial.
« Finie la loi du silence, finis les bleus et les coups, finis les poings qui tapent contre les cordes, tambours des hommes fous, finis les regards de haut, finis les mots qui nous couchent…(…) Entends-tu ? Entends-tu ? On a une voix ! » Les morceaux disent les violences conjugales, les abus sexuels, mais aussi les préjugés, les tâches ménagères peu partagées, les salaires différents, les maternités ou pas… « C’est un sujet sans fin », dixit Stéphane qui orchestre le tout, en même temps qu’il écrit des textes et compose les musiques.

 

By Gérald Tessier//

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Un chœur féministe
« Qui est-ce qui dynamise les plus grandes entreprises ? Qui est fer de lance du profit, de la croissance ? C’est nous ! » (« Femina Index »/Pierre Corbin). Parmi les paroliers, on trouve évidemment Stéphane Corbin mais aussi son père Pierre, professeur de linguistique ou son frère François. Et plein d’autres : Eva Darlan, Luciole, Noémie de Lattre… Les plumes s’entrecroisent pour raconter la transidentité (« Je t’ai toujours aimé »/Valérie Peronnet), le féminicide (« J’ai aimé un homme »/Patrick Loiseau), l’injonction de l’épilation (« L’esthéticienne »/Alice Faure), les joies de la vieillesse (« Vieille »/Valérie Zaccomer) ou l’attention des hommes (« Elles »/François Corbin). L’humour, la gravité, la douceur, la détermination sont tour à tour convoqués pour composer un magnifique hymne aux femmes. Sans oublier les pionnières comme dans la chanson « In honorem », écrite par Stéphane. « Sans elles, le plafond de verre serait au niveau de la mer. (…) Leur-a-t-on rendu hommage ? » Les Funambules, assurément !

A écouter : le double album « Elles » de 35 titres, disponible sur :
https://bfan.link/elles-1

A voir : les 7 mars, 4 avril, 16 mai et 20 juin, le nouveau spectacle acoustique « Elles », au théâtre de la Gaîté-Montparnasse, 26, rue de la Gaîté 75014.

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