Critique/Zebda au Second tour
Zebda au Second tour
Article paru dans la Nouvelle Vie Ouvrière en février 2012
Silencieux depuis 8 ans, le groupe Zebda revient à la charge avec Second tour, leur nouvel album. « Aujourd’hui on repart, à l’oreille une fleur, à la taille une hache, convaincus de la bonne idée que c’est ensemble qu’on est plus fort. » Après nous avoir Motivés avec le Tatikcollectif, invités à Tomber la chemise ou à participer à la Mêlée ouverte, les Toulousains nous convient à la campagne. Celle où l’on détourne Les proverbes – « Qui sème le vent, récolte rien du tout », « Le malheur des uns fait le bonheur d’un seul » – y compris le plus national d’entre eux : « Impossible est parfois français ». « Est-ce clair pour le gratin ? » répète à l’envi le refrain. Quant à ceux – les mêmes – qui exigent que les immigrés comme leurs descendants se fadent la Pléiade et le Lagarde et Michard, ils rétorquent : « Y’a un je ne sais quoi qui m’agace, un je ne sais quoi de sa race ».
Royalement balancées leurs paroles comme leur musique, mâtinée de rock, de rap et de musique orientale, nous revigorent. D’autant qu’à la brochette Besson-Hortefeux-Guéant, Zebda nous offre un Théorème du châle tout en finesse. « Est-ce pour être d’égal à égal ou quelqu’un qui t’a fait du mal ? Dis, est-ce que c’est pour le scandale ? Est-ce qu’il t’a promis les étoiles ? » Quoiqu’il en soit, au pays de Zebda, « Le dimanche autour de l’église, y’a des langues qui se mélangent un chouya, y’a pas de prénoms, y’a que des khouyas (« frères) ». L’identité nationale n’a qu’à bien se tenir…
A quelques jours du second tour de la présidentielle, on se réjouit que leur micro se prenne de nouveau « pour une épée ». A notre tour de le relayer à souhait, why not dans les défilés.
Amélie Meffre
Second tour, Zebda, sortie le 23 janvier, 14,99 euros. En tournée à partir de début mars : http://zebda.artiste.universalmusic.fr/#!/concerts