Sur le fil d'Agnès Bihl
Dans son nouvel album, Agnès Bihl nous livre une chouette tranche de vie. Avec des reprises et des inédites, les 18 chansons des « 25 ans de la vie d’une femme » nous content le temps qui passe avec ses hauts, ses bas et ses milieux. A commencer par les parents qu’on chérit et qui vieillissent : « La plus belle c’est ma mère », « Bon dieu mon vieux » qui a tout oublié… Elle chante les ruptures amoureuses ou amicales, tantôt avec gravité, tantôt avec humour et elle n’en manque pas.
Surtout quand elle s’en prend aux hommes qui ne marchent pas droit. Dans « La Toccata qui tue », elle balance des vers qui ne sont pas piqués des hannetons sur un air de Bach (« Dans cet état quitte cet habitat/Trop de tracas, prends ta parka/Tu comprends pas mecton, t’es qu’un crampon »).
Sur la célèbre mélodie de Barbara, elle nous conte ses déboires avec un candidat chopé sur un site de rencontres (« Dis, c’est quoi ce plan cul ?/Dis, qu’est-ce que tu as bu ? »). On rit d’autant plus qu’elle lâche rieuse à la fin du morceau : « j’ai honte »…
Accompagnée au piano par Clémence Monnier (du très bon groupe Les Goguettes), la belle voix d’Agnès Bihl nous touche. Ses paroles savent déployer un féminisme plein d’allant qui décrit les émotions autant que les épreuves. « La déprime » (« C’est le soleil qui fout le camp/Juste le vide, le néant »), « Je reviens » (« Et je reviens de tout/Mais je reviens debout »), « Je pleure, tu pleures, il pleut » (« Ça commence aujourd’hui/C’est toi le premier homme du reste de ma vie »)… Ses complaintes sont bourrées de finesse pour exprimer les variations. Elle sait les conjuguer au pluriel. Dans « Il était une femme », elle évoque le sort de millions de femmes maltraitées et les combats à mener : « Mais au bout du brouillard/La femme rangée comme un objet/La femme objet s’est enragée ». Chapeau !
On se réjouit de toutes ses dates de concerts programmées pour aller l’applaudir.
Agnès Bihl, « 25 ans de la vie d’une femme », Signe particulier, 15 euros.