Trouvailles et trahisons

Publié le par Amelie Meffre

"Exil intérieur" Photo : Pascal Gely//

"Exil intérieur" Photo : Pascal Gely//

Elisabeth Bouchaud, directrice du théâtre de la Reine blanche à Paris, inaugure la série « Flammes de science » qui fait briller des femmes scientifiques de premier plan, jetées aux oubliettes. Ce n’est que justice.

« Longtemps, les femmes scientifiques ont été invisibilisées, même si elles avaient fait des découvertes majeures, qui ont parfois changé la face du monde. (…) Cette série souhaite leur rendre justice, en racontant leurs histoires. » Elisabeth Bouchaud, dramaturge, comédienne et physicienne, lance les deux premiers volets de « Flammes de science ». Et c’est tant mieux car il est grand temps de sortir de l’ombre de leurs collègues masculins - raflant les prix Nobel à leur place -, ces héroïnes d’hier. Une phrase qui vise juste ponctue les épisodes : « Nous vivons dans un monde où les hommes s’entretuent et où les femmes pardonnent ». Comment expliquer en effet que Lise Meitner (1878-1968), autrichienne, co-découvreuse de la fission nucléaire dans les années 1920, n’a pas intenter un procès à son ami Otto Hahn qui a raflé seul le Nobel de chimie en 1944 ?

« Exil intérieur » nous raconte le parcours de la physicienne, fort bien campée par Elisabeth Bouchaud. Pour échapper aux nazis parce que juive, Lise Meitner doit s’exiler à Stockholm (Suède) où son neveux Otto Frisch l’attend. Là, elle continue à bucher dans un labo, sans matériel ni étudiants, sur le projet commencé à Berlin avec Otto Hahn. Ce dernier l’a pressée de quitter l’Allemagne pour sauver sa peau et par là-même répondre aux injonctions du directeur de l’Institut où ils travaillent qui entend combattre « les dangers de la juiverie ». Otto et Lise arrivent à se retrouver à Copenhague (Danemark) pour échanger sur leurs travaux et l’énigme centrale… Eurêka ! De retour en Suède, Lise résout le problème, en découvrant la fission nucléaire. On suit pas à pas le processus de la découverte en même temps que la tourmente de la scientifique, empêchée de s’exprimer, qui se sent « enterrée vivante ». Si parfois les formules scientifiques nous font un peu perdre le fil de l’histoire, la mise en scène comme le jeu des acteurs (Benoit Di Marco et Imer Kuttlovci) le tiennent ferme. On ressort du théâtre ravi d’avoir rencontré Lise Meitner et on attend avec impatience de faire la connaissance de l’Irlandaise Jocelyn Bell. Découvreuse en 1967 des cadavres d'étoiles appelés pulsars, elle verra son confrère Anthony Hewish lui voler le Nobel en 1974. Décidément…

« Exil intérieur » jusqu’au 28 janvier et « Prix No’Bell » jusqu’au 5 février au théâtre de la Reine blanche, 2 bis passage Ruelle 75018.

 

Publié dans Articles

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article