En studio avec Bashung

Publié le par Amelie Meffre

En studio avec Bashung

Aujourd'hui, 1er décembre 2022, Bashung aurait dû souffler 75 bougies. Franchement, c'est cruel un artiste de cette trempe qui meurt à 61 ans. Heureusement depuis, les albums comme les bouquins continuent à saluer son talent. Après l'album "En amont" et "Alain Bashung. Sa belle entreprise" de Stéphane Deschamps, sortis en 2018 (Ed. Hors collection), voilà "En studio avec Bashung", un sacré bouquin, signé Christophe Conte, accompagné d'un CD succulent.

« Le tout est parti d’un film avec Fernando Arrabal (*). Il m’avait fait jouer une espèce de Jésus après l’Apocalypse ». Le réalisateur lui avait demandé de faire la musique du film sans un rond pour la payer. Restait plus qu’à délirer. Faut dire que l’époque s’y prêtait quand on songe qu’un film d’un génial dramaturge espagnol et résistant à Franco, était programmé en début de soirée en 1983 et que la chanson « Gaby oh Gaby », déjantée à souhait, faisait un carton trois ans plus tôt. On replonge dans ces années avec le CD « En studio avec Bashung » : la voix du chanteur ressurgit au gré des morceaux ébauchés pour le téléfilm, pour son futur album « Play Blessures » avec Gainsbourg ou pour d’autres : on croise des brancardiers dans « Bistouri Scalpel », un « Imbécile » qui a « encore traîné dans le fond des asiles pour trouver l’amour fou » (un texte très fort pour signifier la marge des uns comme l’égoïsme des autres, signé Boris Bergman), on se balade dans le rock de « Strip Now ». Au milieu, le chanteur raconte : « C’était du rêve et je ne rigolais pas avec le rêve ou le fantasme. C’était mon moteur. (…) Je veux bien qu’on plaisante avec (…) mais pour moi, ça reste très sérieux tout ça ».
 

Comme un voyage en poésie.
En fait, l’album vient appuyer le formidable travail de Christophe Conte qui signe un livre aux éditions Seghers, treize ans après la mort de Bashung. Il y retrace sa fulgurante carrière : les débuts difficiles jusqu’au 1er tube quand il a 33 ans, ses échappées belles mais risquées dans les albums suivants jusqu’à « Osez Joséphine » en 1991 et ceux qui s’ensuivent couronnés de succès tels « Fantaisie militaire » ou « Bleu pétrole ». Le tout sous l’angle des studios sillonnés et des personnes rencontrées avec photos et témoignages inédits à l’appui. « Un artiste qui a poussé au plus loin et dans toutes ses dimensions le travail en studio, c’est bien Alain. Je me devais donc d’en faire le récit avec rigueur, en essayant de retranscrire au plus juste ce qui s’était passé entre ces murs capitonnés (…), écrit l’auteur. Son ouvrage « En studio avec Bashung » comme le disque qui l’accompagne forment un petit bijou pour commencer royalement l’année.
Parole de fan.

 

(*) « Le cimetière des voitures », diffusé sur France 2 en 1983.

« En studio avec Bashung » de Christophe Conte, Ed. Seghers, 29 euros. Album, Barclay, 19,99 euros.

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