Au cœur de Jérusalem

Publié le par Amelie Meffre

Crédit : Philippe Delacroix //

Crédit : Philippe Delacroix //

A partir d’une soixantaine d’entretiens avec des habitants de Jérusalem, Bernard Bloch a bâti une pièce de théâtre. Des paroles bien plus riches que de grands discours pour appréhender le conflit israélo-palestinien.

Le dramaturge et metteur en scène Bernard Bloch nous offre une nouvelle fois l’occasion de nous interroger sur le conflit israélo-palestinien. Avec le spectacle « Le voyage de D. Sholb » et son récit « 10 jours en terre ceinte » (Ed. Magellan & Cie), il nous contait le voyage d’un juif athée sillonnant la Palestine avant de rendre visite à sa famille en Israël. Sa dernière pièce de théâtre « La situation. Jérusalem - Portraits sensibles » est tirée de son voyage en 2016 quand deux mois durant, il a interrogé 60 habitants de Jérusalem. En ressort des paroles fortes qui, si elles rappellent les grandes dates du conflit israélo-palestinien – le partage de 1947, la guerre des Six Jours de 1967, les accords d’Oslo de 1993 -, nous plongent au cœur du problème. A savoir dans le vécu des uns et des autres, dans les rancœurs guerrières comme dans les espoirs pacifistes.

A hauteur d’hommes
B., journaliste français, se rend à Jérusalem dans une école qui compte 50% d’élèves juifs et 50% d’élèves arabes ; tous les cours sont bilingues et tous les enseignants travaillent en duo : un Israélien juif et un Israélien arabe. Si cette expérience prouve qu’un vivre ensemble est possible, rien n’est gagné et tout n'est pas perdu. B. profite de sa visite pour interroger les habitants qui, tour à tour, témoignent. Sur le plateau, une tente au fond, des cages à oiseaux qui chantent parfois, des chaises de jardin multicolores où une dizaine de personnages prennent successivement place : le directeur d’une école mixte, une Tunisienne qui a trouvé refuge en Israël après la décolonisation, un intellectuel palestinien, des convertis au judaïsme, une jeune musulmane… Les positions, tranchées ou non, plurielles, difficiles, nous font percevoir un conflit qui dure depuis plus de soixante-dix ans à hauteur d’hommes.
Loin des a priori, on prend la mesure de « la situation », de sa cruauté comme de sa complexité, des raisons du conflit comme des possibilités d’en sortir, à l’instar d’un des personnages qui déclare : « Ce que je voudrais c’est qu’on arrête de sacrifier nos enfants, qu’on arrête de fourrer dans le crâne des Arabes que pour exister, il faut mourir ; dans celui des juifs, que le monde entier veut leur mort et qu’il faut qu’ils tuent pour ne pas être tués. » On ressort du spectacle un peu moins largués pour appréhender la paix...

Crédit : Philippe Delacroix

Crédit : Philippe Delacroix

« La situation. Jérusalem - Portraits sensibles », mis en scène par Bernard Bloch, du 7 au 12 février, au théâtre L’Échangeur, 59, avenue du Général de Gaulle, 93170 Bagnolet.

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