Le tam tam de l'Entertainment
Au haut-parleur ou au micro, en ronds de fumée ou en affiches, en rafales téléphoniques ou en SMS et pourriels, sur écran télé, au ciné ou sur la Toile : le matraquage publicitaire explose ses limites et nos neurones. Tous les coups sont permis.
Quand t’allumes la télé pour mater la finale de Roland Garros, t’as vite fait de te dire que t’as raté ta vie avec cette couronne qui brille pour un marchand de toquantes. Tu crois que la radio publique va te la jouer plus zen ? Que nenni, les charognards parasitent aussi ton oreille et tu coupes. Reste à se réfugier aux musées mais les voilà squattés de longs mois par une couturière qui a bouffé du juif à la solde des nazis et un vendeur de godasses surnommé « l’Exhibition(niste) ». Les marchands de slogans ne reculent devant rien. Bientôt, ils raqueront des secondes pour s’incruster dans nos conversations privées.
La pollution ne se limite pas aux algues vertes sur les plages bretonnes, elle s’insinue du matin au soir jusque dans nos loisirs. L’injonction est au divertissement et à la parure. L’entertainment pille nos heures, nos caisses et même nos esprits, happés par les sirènes du dernier cri.
L’époque est épique, la situation est critique mais pas complètement désespérée parce que les minettes se porteront beaucoup mieux quand elles lâcheront faux ongles et faux cils et les minots, les logos. Le jour où la réussite des entrepreneurs se calculera en emplois sonnants et trébuchants, les plateaux pourront commencer à tourner pour tous.