Les lumières de Sorolla
Peintre espagnol majeur, Joaquín Sorolla (1863-1923) reste mal connu en France. L’exposition à l’Hôtel de Caumont d’Aix-en-Provence nous permet de le (re)découvrir jusqu’au 1er novembre.
Grâce à de grandes expositions comme celles organisées au musée de Giverny en 2016 et d’Aix-en-Provence cette année, on redécouvre le talent de Joaquín Sorolla, quelque peu oublié en France. Le peintre espagnol proche des impressionnistes y fut pourtant reconnu de son vivant : il participe presque chaque année, de 1893 à 1909, au Salon de Paris. En 1894, il y remporte le 2e prix pour « Retour de la pêche : halage de la barque », une toile qu’acquiert alors le musée du Luxembourg. Elle nous livre un de ses sujets de prédilection, à savoir le monde des pêcheurs aux abords des plages de Valence. Vent qui s’engouffre dans la voile, hommes et bœufs tirant la barque au milieu d’une mer aux reflets étincelants : nous voilà au cœur de la manœuvre. En 1900, lors de l’Exposition universelle de Paris, il remporte le grand prix avec « Triste héritage » nous montrant la baignade d’une bande de gamins aux corps déformés par la polio, encadrés par un prêtre. Les prix internationaux vont se succéder alors que Sorolla peint en plein air des scènes de plage : le travail des pêcheurs de l’aube au crépuscule, des femmes du monde en robes blanches qui déambulent, des enfants qui jouent et se baignent.
Sur le vif
« Chaque fois que cela est possible, je peins les choses là où elles sont et les gens dans leur milieu, dans leur environnement », écrit le peintre. Se dégage de ses toiles une clarté étonnante grâce à des combinaisons de couleurs qui rendent compte des lueurs du soleil sur les peaux mouillées, de l’ondulation et de la transparence de l’eau comme dans « Nageurs, Xàbia » ou « Le Bain du cheval ». Ainsi que le résume MaryAnne Stevens dans le catalogue de l’exposition : « Sorolla doit sa réputation au fait de savoir capter les couleurs, la vie et les coutumes de l’Espagne, ses paysages et sa lumière, dans des tableaux fondés sur une observation directe, traduite sur la toile par une touche gestuelle et une palette riche et variée ». En rassemblant près de 80 peintures, dessins et études de l’artiste, des portraits des membres de sa famille aux scènes de plage, l’exposition nous la donne à voir. Elle retrace son processus de création, évoque ses influences entre Goya et Velasquez et témoigne aussi d’un travail acharné qui permit à Sorolla, orphelin dès deux ans, recueilli par une tante et un oncle serrurier, de se hisser parmi les artistes les plus importants et influents de son temps.
« Joaquín Sorolla, lumières espagnoles » jusqu’au 1er novembre à l’Hôtel de Caumont, 3, rue Joseph Cabassol 13100 Aix-en-Provence.