Pauline au coeur des scandales

Publié le par Amelie Meffre

"Mon coeur"©Pierre Grosbois

"Mon coeur"©Pierre Grosbois

Avec « Mon cœur » sur le scandale du Médiator, actuellement jugé ou « Hors la loi » autour du procès de Bobigny de 1972 en pleine croisade anti-avortement, Pauline Bureau met en scène des pièces ancrées dans l'actualité. Et on la remercie.

Quand en 2014, Pauline Bureau entend le docteur Irène Frachon (*) à la radio raconter son combat pour rendre justice aux victimes du Médiator - un coupe-faim commercialisé par le laboratoire Servier aux effets très nocifs voire mortels -, elle décide d'en rendre compte sur les planches.
 Elle rencontre la pneumologue du CHU de Brest qui la met en contact avec les malades et la metteuse en scène sillonne la France pour les interviewer. Elle en tire une pièce de théâtre : « Mon cœur ».
Grâce à cette pièce, le scandale du Médiator prend visage humain à travers l'histoire d'une femme, Claire Tabard, qui contient un peu de chacune des personnes rencontrées. On suit la descente aux enfers de Claire (campée avec brio par Marie Nicolle) dès la trentaine : ses premiers essoufflements, son opération à cœur ouvert, la difficulté de s'occuper de son enfant, la perte de son travail, l'abandon de son compagnon... On prend aussi la mesure de l'incroyable bataille menée par Irène Frachon (génialement jouée par Catherine Vinatier) et ses patientes contre le puissant groupe Servier et la complaisance de l'Agence du médicament, quand les expertises questionnent sans relâche l'intimité des victimes.
En plein procès, on aurait aimé revoir la pièce mais Pauline et sa compagnie La part des anges est en tournée avec d'autres créations. C'est que son théâtre s'inscrit dans une démarche citoyenne en questionnant sans relâche les questions de société. On la retrouvera assurément dans son dernier spectacle, « Hors la loi » (actuellement en tournée), qui revient sur une autre affaire qui défraya l'actualité : celui du procès de Bobigny en 1972. On suivra un autre combat, celui de l'avocate Gisèle Halimi, prenant la défense de Marie-Claire, 16 ans, qui a avorté clandestinement et qui dénonça l'injustice de la loi de 1920. A l'heure où certains veulent remettre en cause la loi Veil de 1975 et la légalisation de l'avortement, on ne peut qu'applaudir cette nouvelle création qu'on a hâte de découvrir.


(*) « Médiator 150 mg : combien de morts ? », d'Irène Frachon, Ed. Dialogues.

 

 

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