Une Ruche plus que centenaire
Ianna Andréadis, Philippe Lagautrière, Ernest Pignon Ernest, Olivia Clavel, Muzo... Plus d'une trentaine d'artistes rend hommage à la Ruche, une cité d'artistes dans le 15e arrondissement de Paris plus que centenaire. Ne la manquez pas !
Fernand Léger, Soutine, Chagall, Modigliani... Créée en 1902 par le sculpteur Alfred Boucher, La Ruche, a abrité un paquet d'artistes de renom et en abrite encore une cinquantaine. Elle voit le jour passage de Dantzig dans le 15e arrondissement de Paris en 1902, grâce au sculpteur Alfred Boucher (1850-1934), alors en pleine gloire. Quand il acquiert un terrain de 5000 m2 près des abattoirs de Vaugirard, il se réserve un petit pavillon et projette d'y installer des ateliers pour accueillir des artistes sans le sous. Couronné par le grand prix de sculpture de l’Exposition universelle de 1900, il va en racheter des éléments pour aménager son nouveau lieu : la grille d’entrée du Palais des Femmes, les cariatides du pavillon d’Indonésie et le pavillon des vins de Gironde conçu par Gustave Eiffel. L'heure est à l'utopie et des artistes du monde entier en profitent.
Lors de son inauguration en 1902, la Ruche compte plus d'une centaine d'ateliers et autant d'artistes, installés seuls ou en famille pour des loyers dérisoires. La Ruche, à l'image de Montparnasse, est en plein bouillonnement artistique où se côtoient sculpteurs, peintres, écrivains mais aussi comédiens. Un théâtre de 300 places, aujourd'hui disparu, est d'ailleurs installé dans le jardin central qui recevra Louis Jouvet, Marguerite Moreno ou Jacques Copeau. Pas mal d'artistes russes tels Soutine ou Chagall y trouvent refuge quand Max Jacob, Blaise Cendrars ou Apollinaire y traînent leurs guêtres.
Une cité toujours sur pied
Après la Première Guerre mondiale, Alfred Boucher est moins en vogue et les finances ne suivent pas mais les artistes sont toujours là. A la fin des années soixante, alors que la Ruche n’est plus qu’un « bidonville englué dans un terrain boueux », les héritiers du sculpteurs décident de la vendre à un promoteur immobilier qui veut y construire immeubles et parkings. Un comité de défense se met en place. Une vente des œuvres des artistes résidents est organisée et les époux Seydoux mettent la main à la poche pour sauver la cité. En 1972, les façades et les toitures du bâtiment sont inscrites aux monuments historiques et la Fondation La Ruche-Seydoux est reconnue d’utilité publique en 1985.
Aujourd'hui, la Ruche qui s'étend sur quelque 1000 m2, accueille toujours une cinquantaine d'artistes dont Ernest Pignon Ernest ou Philippe Lagautrière, qui occupe depuis plus de 25 ans l'atelier où séjourna Chagall. L'exposition consacrée à ce lieu magique, rassemblant les créations des anciens, des nouveaux et des "hors Ruche" se tient à compter du 12 au 20 avril, tous les jours sauf le lundi de 15 à 19 heures. Une belle est occasion de le visiter.
La Ruche, 2, passage de Dantzig 75015 Paris.
Article paru dans "Vie Nouvelle" de mars-avril 2019