Suivre les Peaky Blinders

Publié le par Amelie Meffre

Suivre les Peaky Blinders

TV. La saison 5 des Peaky Blinders est arrivée sur Arte. Un régal comme les quatre premières qui nous embarquaient dans l'Angleterre de l'entre-deux guerres. A Birmingham, là où sévit la famille Shelby, sur les champs de courses et dans les usines. La nouvelle saison se plante dans les années 30 pendant la Grande Dépression et la montée du fascisme.
Magistrale !

Les quatre saisons précédentes nous avaient sacrément emballés et à tous les niveaux. Commençons par les sombres héros. Le boss, Thomas Shelby, beau gosse s'il en est, mène la barque d'une main de fer. L'acteur irlandais Cilliam Murphy nous le livre irrésistible, même amoché. Helen McCrory se charge, elle, de camper pétante de classe, la tante, Polly Gray, née Shelby, qui veille aux grains. Pas comme le frère aîné, Arthur que Paul Anderson nous sert gaffeur et sacrément traumatisé, comme la plupart des rescapés des tranchées. Mais ici, même les planqués sont borderline, à l'image de Chester Campbell (Sam Neill), l'inspecteur en chef, en lien direct avec Churchill, haineux comme pas deux qui va finir boiteux. Quelques exemples de personnages joués par des acteurs hors pairs. Il faut dire qu'ils servent une œuvre sacrément bien bâtie

 

 

Musique maestro !
On y entre par la grande porte dès le générique avec le rock qui claque de Nick Cave. Un de ceux qui nous donnent envie de marcher, sapés comme des lords, de concert avec les gangsters, seigneurs d'un territoire à la dérive. Impitoyables Peaky Blinders qui saignent à tout va les méchants comme les gentils. « Promène-toi un peu aux abords de la ville/ Sors des sentiers battus/ Là où le viaduc sort de l'ombre/ Comme un oiseau de malheur/ (…) Hey mec, tu sais/ Que tu ne rentreras jamais.» On se retrouve très vite accroc à « Red Right Hand » (« La main droite rouge »), morceau magistral comme beaucoup de ceux diffusés au fil des saisons. La brochette des musiciens qui ont musclé partitions et voix est large : Arctic Monkeys, PJ Harvey, White Stripes, Johnny Cash... Du rock sous toutes ses formes qui débarque au début du vingtième siècle : la preuve que l'anachronisme peut être du grand art, l'important étant l'énergie dégagée. Elle ne manquait pas à l'époque pour continuer à avancer après la première grande boucherie.

Les grandes saignées
On se laisse bercer par un « Wonderful life » mélodieux quand les ouvriers débrayent en écho aux révolutionnaires russes, contrecarrés par leurs nouveaux boss, les Peaky Blinders. Trop anars pour s'encombrer d'une nouvelle bible, même si un des petits derniers s'appelle Karl (la sister et son beau militant ont viré rouges). Ils sont quand même touchés par les Irlandais indépendantistes, d'autant que  le salaud de lieutenant Chester Campbell est au milieu. On marque la mesure sur « Gangster's Paradise » du rappeur Coolio, alors que les carotides dégoulinent, que les flingues canardent et que les yeux se pochent. La série est violente comme l'époque. L'histoire est revisitée avec génie, quand le passé nous est conté sur un tempo bien actuel.
Le talent de Steven Knight et de son équipe est d'avoir imaginé des situations presque improbables dans une grande histoire bien réelle. Les Peaky Blinders qui effraient à Birmingham comme à Londres, trouvent racine chez les gitans. Leurs ancêtres planent dans la série comme le brouillard qui enveloppe les barques le long des quais. Et quand les roulottes sillonnent la campagne, ce n'est pas toujours bon signe.

Avec couronnes
Qui a osé dire que l'audiovisuel public était « la honte de la République » ? La série britannique a raflé trois Fipa d'or en 2014 : celui du meilleur acteur de série pour Cilliam Murphy, de la meilleure actrice pour Helen McCrory et de la meilleure musique pour Martin Phipps. Diffusée d'abord sur BBC Two, puis sur Arte, la fresque n'a pas fini de faire des adeptes. Ils attendaient avec impatience la cinquième saison ? Elle est là. Petit bémol : elle est moins musicale et c'est dommage. En attendant, « Peaky Blinders », c'est un peu comme le cochon, tout est bon : acteurs, scénario, musique, réalisation...  Bonne découverte à tous les futurs accrocs des 30 épisodes de 55 minutes chacun.
Que vous la preniez dans l'ordre ou dans le désordre, cette série, elle vous rend addict.

A écouter l'émission "Entendez-vous l'éco ?" consacrée à l'Angleterre industrielle sous le prisme du gang de la série.

 

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